Hors Champ : Revenons maintenant à cette idée du cinéma non industriel. Que voulez-vous dire par là ?
Peter Kubelka : Il y a d'abord cette erreur qui veut que l'artiste ait des obligations face à la société, qu'il ne doit pas créer pour lui-même. C'est vrai dans une certaine mesure, mais c'est également faux. D'un côté, vous avez l'artiste qui travaille pour lui-même, qui se prend comme juge et qui travaille moralement à dire la vérité. Il prend une position qui n'est pas arrogante du tout, parce que c'est une position valide pour quiconque cherche à comprendre quelque chose. De l'autre côté, vous avez les films publicitaires qui ont pour but de tricher puisque, par nature, la publicité est mensonge. On peut toujours les entendre dire : "Oui, oui, j'ai fait ces conneries, mais c'est pour l'argent..." Ce n'est pas l'artiste qui est arrogant, ce sont eux ! Il faut comparer l'artiste à un homme de science qui veut trouver un résultat. Mais cette distinction entre cinéma "industriel" et "non industriel" vient du fait que l'on me qualifiait "d'expérimental". J'ai toujours détesté ça, c'est absolument sans respect ! Le cinéma, son industrie, opère consciemment cette marginalisation. Par exemple, un poète comme James Joyce, personne n'ose le qualifier "d'expérimental" !
[L'intégralité de l'entretien de Peter Kubelka avec Hors Champ, Autoportrait par la parole, peut être lu ici. On trouve une traduction en anglais là.]
jeudi 31 janvier 2008
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